Le samedi 16 janvier 2010 à 10 h, a eu lieu la troisiéme inauguration des nouvelles acquisitions du Fonds de bibliothéque créé par Daphné Bitchatch pour la bibliothèque de lecture publique, gérée par Pierre Djiré, à Ségou au Mali. Voici le discours ennoncé par Daphné Bitchatch en l'honneur de cet événement annuel. Aw be ni sokoma. Né nisson diyalen bé aw tchéla. Né hakilila aw bé ka kéné. Aw ni tché wélé djabilila. Nicolas Roméas, créateur de la revue Cassandre- Horschamp dont vous pouvez consulter les publications dans la bibliothèque, écrivait : « Entre "conter" et "compter", deux mots issus du verbe latin "computare", nombreux sont ceux depuis longtemps qui ont choisi leur camp. Celui du chiffre. C'est-à-dire, fondamentalement, d'une déshumanisation de la société. Selon eux, rien ne doit échapper à l'évaluation chiffrée, y compris tout ce qui appartient au domaine de l'imaginaire, de la pensée, de l'art, en un mot tout ce qui tient dans la précieuse boîte à outils de la relation humaine. » Le Fonds de bibliothèque créé depuis 2008 pour la bibliothèque de lecture publique de Ségou ne relève pas de ce camp ; il aime à « conter » les liens que les livres tissent entre les êtres, la vie d’une bibliothèque dans un quartier, pour faire de ce lieu un espace de rencontres et de découvertes, vivant de rendez-vous vers l’autre, à travers les mots, le théâtre, la poésie, la littérature. La Bibliothèque de lecture publique de Ségou s’y prête grâce à la présence de Pierre Djiré, votre bibliothécaire, et à la fidélité de ses nombreux lecteurs dont vous faites partie. En vous donnant ainsi rendez-vous annuellement pour vous présenter les nouvelles acquisitions, j’aime à vous raconter les liens qui se sont créés tout au long de l’année écoulée dans la constitution de ce Fonds de bibliothèque. Cette année 2010, je tiens à remercier très sincèrement Antoine de Bary, artiste peintre qui nous a fait don de très beaux livres sur l’art provenant du Musée Dapper, et de littérature : Adame Ba Konaré, Moussa Konaté, Pascal Baba Couloubaly, Ahmadou Kourouma et tant d’autres encore. Antoine de Bary était venu au Mali en 1988. Il y avait travaillé avec le peintre Abdoulaye Konaté dans le cadre d’un atelier avec de jeunes peintres maliens. Il a érigé dans le jardin du Musée National du Mali à Bamako le premier « Mât pour des oasis ». Il élabore depuis quelques années un projet « Terres et Trésors », en hommage à l’Afrique. Vous pourrez prendre connaissance de ses différents travaux dans son ouvrage « On ne sait jamais », également présent dans la bibliothèque. L’écrivain Joël Bastard dont je vous avais parlé l’année dernière, a offert à la bibliothèque de Ségou, le livre « Bakofé » un poème qu’il a écrit lors d’une résidence d’écriture au Centre Bajidala à Ségou Koura. Les Editions La Fabrique ont répondu généreusement à notre appel, en nous proposant des recueils, des chroniques et des analyses sur l’éducation et l’école, l’histoire du XXème et du XXIème siècle, de la philosophie, des essais et des analyses du Proche et Moyen-Orient. Je vous recommande vivement la lecture de ces essais, de théorie et d’interventions politiques. Louis Dubost, écrivain et créateur des Editions Le Dé Bleu et le Farfadet Bleu, nous a fait le grand plaisir de nous offrir un nouveau rayon de livres de poésie et de collection jeunesse, réalisés par des poètes et des plasticiens. La Collection Jeunesse est à lire à partir de cinq ans jusqu’à plus que centenaire. Nous sommes heureux de vous présenter également le numéro hors-série de la revue Cassandre, «Un rêve d’Afrique», offert gracieusement par son auteur Nicolas Roméas, fondateur de la revue et son actuel co-directeur. « Ce livre veut porter ce message : "Nous avons besoin de l’Afrique noire. Nous, Occidentaux, modernes, qui ne nous résignons pas à subir un monde marchandisé, nous devons non seulement respecter ses valeurs, mais il nous faut encore, en ces temps de destruction programmée de l’humain, prendre la pleine mesure de leur force civilisationnelle. » Dans la plus récente publication de la revue Cassandre, le numéro 80, un article que j’avais rédigé en janvier 2009 à Bamako présente l’initiative de restauration et d’aménagement du quartier Missira à Bamako, portée par les habitants même du quartier, en collaboration avec Aminata Traoré. Un entretien réalisé avec l'écrivain Ousmane Diarra à Bamako, sera publié dans la prochaine revue Cassandre, nous aurons à cette occasion le plaisir de le recevoir ici l'année prochaine, pour parler de son livre "Pagne de femme". Un grand merci également à tous les amis : Leïla Faraj, qui nous a fait don de nombreux livres jeunesse et de littérature, l’association Malira, qui a créé une bibliothèque à Tombouctou et nous a aimablement cédé quelques ouvrages en Bamanankan et en français, Sidh Amiri, qui s’est chargé d’acheminer de Paris des livres que je lui avais confiés. Chacun a contribué à la constitution de ce nouveau Fonds qui, je l’espère, répondra à vos attentes. Nos remerciements vont encore à l’association Un camion pour Tendeli qui vous apportera d’autres livres par camion dès le mois de février. Cette association approvisionne en matériel scolaire des écoles maliennes. Elle a par ailleurs participé à la construction de l’école de Tendeli. Notre prochain rendez-vous aura lieu en janvier 2011. En attendant je souhaite à chacun de belles lectures, et de belles rencontres avec les mots. En cette journée d’inauguration des nouvelles acquisitions du Fonds de bibliothèque nous vous proposons la projection d’un documentaire réalisé en Colombie par Valentina Canavesion qui nous fait le grand plaisir d'être présente parmis nous, pour présenter son film "Biblio-Burro, la bibliothèque à dos d’âne", film réalisé en Colombie, présentant la démarche et l’engagement d’un professeur qui, pour permettre à des enfants éloignés de la ville l’accès à la lecture, parcourt de nombreux kilométres sur son âne, chargé de livres. Vous êtes tous chaleureusement invités à participer à cette rencontre. I Bissimila. Aw Ni Tché Daphné Bitchatch/ Ségou/ 2010.