Le monde arabo-musulman fait sa révolution et se démène pour rompre avec un despotisme plus que millénaire. Mais, il se trouve que cet évènement historiquement grandiose, réalisé d’une manière spontanée par des masses attachées sereinement à leur islamité n’a bouleversé que pour un temps les préjugés portés par le monde sur l’Islam et sur sa présupposée incompatibilité avec la demande et le projet démocratiques. La cause est alors évidente : l’Islam est loin d’avoir conçu et réalisé les conditions de son intégration à la modernité, l’alternative qu’il pose à l’avenir démocratique des musulmans attend encore d’être tirée au clair, l’arrivée au pouvoir des islamistes porteurs de sa version orthodoxe médiévale est en train d’exacerber cette réalité et l’idée d’un Islam préalablement et théologiquement modéré se révèle de l’ordre de l’opinion plus que de celui de la vérité.