"L'Africain doit être bienvenu dans tout cercle culturel s'il se nourrit à fond de l'idée d'une fondation d'un système spécifiquement africain ou du monde noir. Telle est ici ma propre devise et c'est pourquoi j'insiste sur la présentation de l'Alphabet Bété. Le Bété est Ivoirien, Africain et homme du monde. Cet alphabet syllabique est apte à reproduire tous les sons humains, il est universel".
En 1952, Bruly Bouabré se rend à Bekora, petit village du pays Bété, où se trouvent une variété de petites pierres rouges et noires, probablement d'origine naturelle mais traditionnellement considérées comme surnaturelles. Ces pierres se présentent sous des formes très variées et portent des dessins "géométriques". Bruly les étudie, conclut qu'elles seraient le vestige d'une antique écriture et s'applique à justifier son opinion.
"Trouver sur la scène de la vie humaine une "écriture" spécifiquement Africaine, tel est mon dessein. L'alphabet est l'incontestable pilier du langage humain. Il est le creuset où vit la mémoire de l'homme. Il est un remède très efficace contre l'oubli, redoutable facteur de l'ignorance. L'alphabet oeuvre en faveur de la conservation du savoir humain".
C'est ainsi que Bouabré, ce nouveau Champollion africain, "découvrait" ce qu'il appelle l'alphabet ivoirien.