KUUNATIC est un trio féminin de musique psychédélique tribale basé à Tokyo qui explore diverses sonorités mondiales avec ses voix puissantes. S'appuyant sur le background culturel et musical de chaque membre, leur musique fait appel à des percussions rituelles, lignes de basse groovy, sons de clavier atmosphérique et des instruments traditionnels japonais.

Gate of Klüna est le premier album de KUUNATIC, après leur EP Kuurandia en 2017 et un split 7'' avec le groupe garage de Taïwan, Crocodelia. Ce premier album produit par Tim DeWit (Gang Gang Dance) est à la fois expérimental et catchy. KUUNATIC est composé de Fumie Kikuchi aux claviers et au chant, Yuko Arako à la batterie et au chant, ainsi que de Shoko Yoshida à la basse et au chant.

Créer son monde présente de nombreux avantages. Le temps et l'espace peuvent être pliés, à manière d'Urizen, selon la volonté du créateur. Bien que formé à Tokyo en 2016, Kuunatic s'est d'abord tourné vers un autre corps céleste pour façonner son projet. En interview, le groupe déclare que leur nom est tiré de « kuu », le mot finnois pour la lune. La claviériste Fumie complète : « le concept musical de Kuunatic est un fantasme. Le titre de notre premier EP, Kuurandia, est le nom de la planète fantastique sur laquelle nous vivons. C'était un prologue. Et ce premier album est un album concept sur la façon dont la planète a été créée, a évolué et comment on l'a exploré. Il se compose de huit chansons et chacune raconte une histoire. »

Etant donné que la batteur du groupe, Yuko Araki, déclare elle-même (dans une interview pour African Paper) qu'elles sont « finalement inclassables – même si je pourrais que nous sommes kuurandiens », il est vain de vouloir ranger Kuunatic dans un style quelconque. Lorsqu'on lui évoque la citation de Julian Cope, Fumie répond : « ça peut s'appliquer à nous. Nous aimons mélanger et expérimenter avec tout ce que nous avons vu, entendu, vécu et pensé, non seulement au Japon, mais aussi ailleurs pour créer un monde unique. Pendant les tournées, nous parlons toujours beaucoup, vivons les mêmes choses, jouons et trouvons des idées bizarres qui font des chansons. Kuurandia est comme notre utopie imaginaire. Nous ne pensons pas être d'excellentes musiciennes, mais nous pensons que nous incarnons toujours avec passion nos idées et notre adoration pour la fantaisie. »

Il est conseillé de garder son esprit ouvert à l'écoute de la musique de Kuunatic qui semble susciter de nombreuses réactions à travers le monde. Un écrivain y entend des échos hybrides et étranges de musique de chambre psychédélique comme Os Mutantes, Basil Kirchin, The Raincoats ou Manfred Hübler. Pour Yuko : « c'est intéressant que le public essaie toujours de nous classer en fonction de tant de genres musicaux différents. » Le public japonais considère parfois Kuunatic comme des jeunes filles « amplifiées » du sanctuaire Shinto (miko). Fumie intervient : « Notre son se compose de plusieurs types de musique différents, mais certains instruments japonais donnent une atmosphère particulière au monde de Kuunatic. La musique traditionnelle japonaise existe autour de nous, même si nous n'allons pas voir le Gagaku (musique de sanctuaire japonaise) ou le Kabuki (représentation théâtrale traditionnelle japonaise). Je joue de la flûte Kagura depuis l'enfance, le nom de Shoko comprend le caractère japonais 笙 qui est le nom d'un intrument traditionnel et Yuko visite régulièrement un Homa et écoute leurs rythmes chantés puissants. Nous entendons également cette musique dans les festivals d'été au Japon, donc elle est pour nous un son très familier. »

Les possibilités de projections sur la musique de Kuunatic sont infinies. Le morceau « Lava Naksh » «évoque une forme de danse de la Renaissance, une pavane peut-être, mais avec le son d'orgue de Kraftwerk. « Full Moon Spree » pourrait être une version rituelle de « What You Need » de The Fall. « Raven's War » est une bande son sèche et poussiéreuse, comme un morceau perdu du disque Valley of the Dolls. Certains rythmes et lignes mélodiques presque mélismatiques renvoient à une musique processionnelle et rituelle archaïque. Mais il faut se souvenir des conseils : le menu n'est pas le repas, et la carte n'est pas le territoire !