SPLA : Portail de la diversité culturelle
Arts-Trinidadandtobago

Binga

  • Binga
Genre : Album | Musique africaine
Date de sortie : Vendredi 09 avril 2021
Date de sortie digitale : Vendredi 09 avril 2021
Rubrique : Musique
Prix : 15.00€

Le légendaire chanteur et guitariste malien revient avec un album personnel et immersif, enregistré avec un groupe réduit.

Au cours des XVe et XVIe siècles, le peuple Songhoy a dirigé le plus grand empire d'Afrique. Il s'étendait sur tout le Sahel occidental et est connu pour le rayonnement culturel de Tombouctou que les gens nommaient 'ville d'or'. Mais à cent kilomètres au sud de là, il existe un endroit moins connu. Binga est la région qui englobe le vaste espace sous le désert saharien du Mali. C'est là que le guitariste et chanteur Samba Touré a grandi. Un endroit qui reste dans son cœur et qui donne le nom de son nouvel album.

« Je suis allé à Bamako [la capitale du Mali] jeune pour trouver du travail et aider ma famille. Mais même s'il est compliqué ou dangereux de voyager dans le nord maintenant, ça reste ma patrie et ça le sera toujours. J'ai une maison là-bas. C'est ma culture, mon héritage. C'est ma région et je voulais en donner le nom à cet album. C'est de la pure musique Songhoy », explique le chanteur qui a toujours été fier de ses racines.

« Je voulais remettre ces racines au premier plan, revenir à quelque chose de plus nature et plus proche du groupe tel qu'il est sur scène. C'était important pour moi. Ce n'est pas une influence, c'est mon style » continue-t-il. Son bassiste ayant déménagé aux États-Unis, c'est un groupe dépouillé, centré autour de la guitare, du ngoni, de la calebasse et d'autres percussions, qui est entré en studio pour enregistrer Binga. Le seul ajout est un harmonica sur quelques pistes. Mais ce n'est « pas si loin du son du violon traditionnel que nous avions déjà sur certains albums. Il accompagne la musique de cette manière. »

Ce dépouillement a permis de créer ce que Touré appelle « une communication entre les instruments ». Comme toujours, le groove reste le fondement sur lequel se pose les riffs de guitare envoutants. C'est une musique sans fioriture, l'essence même du Songhoy. « Notre musique a peu de solos », éclaircit Touré. « Je me sens plus comme un créateur de chansons que comme un chanteur guitariste. Le ngoni est également plus réservé sur cet album. Chaque instrument accompagne les autres, simplement. » L'accent est mis sur la puissance des chansons, toutes chantées en Songhoy, contrairement aux albums précédents.

Touré n'a jamais hésité à décrire la réalité de la vie dans son pays. Le Mali, dit-il, est passé « d'un coup d'état à l'autre, d'une rébellion à l'autre, d'un massacre inter ethnique à l'autre, et rien n'a changé. Je dirais même que tout a empiré ces dernières années. Ensuite, les systèmes sanitaires et scolaires sont très, très en retard, rien n'est fait… »

« Sambamila » a ce genre d'humeur, car le chanteur se sent triste de ne pas pouvoir se rendre dans son village en toute sécurité. « Fondo » évoque un thème déjà présent sur d'autres albums, l'immigration des jeunes pour une vie qu'ils pensent meilleure, dans un autre pays ou à la capitale. Dans « Atahar », Samba Touré chante le dysfonctionnement du système scolaire malien, qui entre grèves répétées et fermetures dues au COVID est dans un état lamentable. « Je n'ai pas eu la chance d'aller à l'école quand j'étais enfant, et je suis triste qu'aujourd'hui, quarante ans plus tard, les autorités maliennes négligent encore nos enfants, notre seule richesse et espoir pour l'avenir. »
 
Sur Binga, les mots de Touré sont aussi dépouillés et fort que sa musique. Il y a la force du cœur derrière eux. L'album n'est pas seulement une communion d'instruments, c'est aussi celle de la musique, puissance de l'âme Songhoy. Quand il regarde la région où il a grandi, le musicien ne voit rien de bucolique, seulement une pauvreté qui persiste. « Dans de nombreux villages, ils vivent encore comme autrefois, marchant parfois des kilomètres pour avoir un seul seau d'eau. Il y a beaucoup de gens qui vivent sans électricité » fait-il remarquer.

Pourtant, l'album n'est pas seulement sombre et douloureux. « Sambalama » est une joyeuse déclaration sur le fait de se tenir debout et d'espérer des jours meilleurs. Sur « Kola Cissé » Touré propose un hommage à la mémoire du défunt chef de la Fédération malienne de football. Deux vieux morceaux Songhoy complètent le disque, « Tamala » et « Terey Kongo », deux autres morceaux remplis de lumières qui célèbrent l'histoire du peuple Songhoy.
 
Binga est la musique d'un réaliste. C'est un cri de l'âme tout autant que l'affirmation de l'histoire d'une nation qui fait la fierté de Samba Touré. L'homme conclue : « Je n'ai jamais quitté mes racines. Je suis un Songhoy et un citoyen malien avant tout. J'aime profondemment mon pays et sa culture, ce sont les parties qui font ce que je suis. »

Structures

1 fiches

Partenaires

  • Media, Sports and Entertainment Group (MSE)
  • Persuaders cultural club

Avec le soutien de