Neuf heures du matin, dans une paisible ruelle de Yopougon Gesco, un quartier populaire d'Abidjan. Frédéric Bruly-Bouabré est en train de prendre son petit-déjeuner. Autour de lui, les poules caquettent, échappées des cages éventrées installées sur la petite terrasse de son modeste domicile Un chat affamé se love entre ses jambes, attiré, sans doute, par les deux pots de lait et le pain frais posés sur la petite table basse qui accueillera tout à l'heure son matériel de dessin. Le Vieux qui crée, c'est toujours un spectacle : tandis qu'il mature son trait, un crayon de pastel suspendu au-dessus du papier, les passants et voisins s'attardent, de plus en plus nombreux.
Vêtu d'un pagne de couleur ocre, un turban de tissu jaune noué dans ses cheveux, cet homme, âgé de plus de 90 ans, si "joliment vieux", comme dit de lui Aboudia, jeune peintre ivoirien en plein essor, est un véritable patrimoine vivant, "connu mondialement, mais pas reconnu en Côte d'Ivoire", déplore Benjamin Gueguemo, assistant-directeur du Musée Municipal d'Art Contemporain de Cocody. Pourtant, Frédéric Bruly-Bouabré est de loin l'artiste le plus cher et le plus coté de son pays (...)
[Lire l'intégralité de l'article d'Élodie Vermeil publié dans Forbes Africa - octobre/novembre 2012]